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Procès pour des messages haineux à l’encontre de suspects d’un crime : « Ce sont des appels au meurtre »

Plusieurs internautes comparaissaient mercredi dernier à Paris pour avoir relayé des éléments d’identification sur plusieurs suspects du meurtre de Crépol, accompagnés de messages haineux, et pour certains racistes. De la part du parquet, comme une tentative de réaffirmer la distinction entre temps judiciaire et temps médiatique, mais aussi entre justice et vengeance privée.

par Antoine Bloch, Journalistele 23 septembre 2024

En novembre 2023, l’homicide de Thomas Perotto en marge d’une fête de village à Crépol (Drôme) avait suscité émotion, emballement médiatique et expéditions punitives. À la suite des premières interpellations, des données personnelles concernant certains des suspects (dont plusieurs mineurs) avaient « fuité » sur les réseaux sociaux et occasionné, outre des menaces adressées directement aux familles (qui font l’objet d’investigations distinctes), d’innombrables commentaires haineux en ligne. Ce qui se produit en marge de chaque dossier retentissant, comme en ce moment au procès dit « des viols de Mazan », devant la Cour criminelle départementale du Vaucluse : là-bas, les avocats de la défense ont d’ailleurs annoncé des dépôts de plaintes, tandis que la victime elle-même a dû appeler à « la plus grande modération sur les réseaux sociaux » afin de « préserver la dignité et la sérénité des débats ».

Pour en revenir à notre dossier parisien, plusieurs plaintes et signalements Pharos ont conduit le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) à ouvrir une enquête préliminaire, confiée à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLCH). Ces investigations ont conduit au renvoi devant le tribunal correctionnel d’une première vague de prévenus, le 4 septembre dernier, puis d’une seconde, ce mercredi. Ils sont cinq, âgés de 19 à 71 ans. Aucun d’eux n’est poursuivi pour « doxxing » (C. pén., art. 223-1-1), mais tous ont donc relayé sur les réseaux sociaux, en les commentant au passage, des posts comportant eux-mêmes les photos ou les noms de certains des suspects. Ce sont ces commentaires qui leur valent de comparaître, tantôt pour provocation à la violence ou à la haine, tantôt pour menaces...

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