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Retour sur le parcours exceptionnel de Ruth Bader Ginsburg, aujourd’hui juge à la Cour suprême des États-Unis et l’une des plus grandes avocates dans le combat contre la discrimination sexuelle.
par Thibault de Ravel d’Esclaponle 14 janvier 2019

La traduction française du titre du film de Mimi Leder – Une femme d’exception – est pleine de promesses. Celles-ci sont assurément tenues. Ruth Bader Ginsburg, qui en constitue le sujet principal, est véritablement et intensément une femme d’exception. Professeure, avocate, puis juge à la Cour suprême depuis que Bill Clinton l’a nommée en 1993, elle est l’une des combattantes les plus acharnées contre l’injustice de la discrimination sexuelle, luttant avec passion et avec les armes qui sont les siennes – le droit et les procès – pour la cause des femmes aux USA. Ruth Bader Ginsburg a porté, toute sa vie durant jusqu’à aujourd’hui, cette juste et légitime bataille qui semblait perdue d’avance.
Le film ne comptera certes pas parmi les meilleurs biopics du moment. Le genre est aujourd’hui en vogue et gagne en qualité ces dernières années. Ceci étant, la réalisatrice propose une narration efficace et bien menée, sans excès, d’une partie de la vie de celle que l’on nomme parfois Notorious RBG. La jeune femme de loi est incarnée par Felicity Jones, qui donne au rôle l’épaisseur que le personnage nécessite. Que le film soit ensuite quelque peu dépassé par son sujet, c’est un fait. Mais c’est sans doute parce que RBG est indépassable. Elle représente une certaine vision de l’Amérique et du monde, cette idée que l’époque a changé et qu’il faut lutter, sans jamais baisser les bras, pour supprimer les injustices d’hier qui subsistent pourtant.
Mimi Leder choisit de s’intéresser à deux moments spécifiques de la vie de celle qui deviendra l’une des magistrates les plus célèbres de l’histoire judiciaire américaine. Le premier temps est celui passé sur le campus de son université, de ce qu’elle y éprouve, tandis que le second prend pour sujet l’élément déclencheur de son combat contre la discrimination sexuelle, ce procès qui interviendra juste avant celui de Reed vs Reed (1971).
On entre dans ce premier temps de la vie de Ruth Ginsburg par ce plan très bien fait, un peu à la Magritte, figurant une curieuse parade des costumes dans laquelle se singularise la robe de la future avocate. Ruth fait partie des neuf femmes admises, en 1956, à Harvard, pour étudier le droit. Et le moins que l’on puisse constater, c’est qu’on leur fait bien ressentir cette particularité de l’époque. Si l’on avait voulu développer la ténacité de RBG, l’on n’aurait pas mieux fait : il est dit que c’est cette année-là qu’avait été demandé à ces jeunes femmes pour quelles raisons elles estimaient pouvoir prendre la place d’un homme compétent. Singulière ambiance pour s’épanouir… Pourtant, Ruth Ginsburg excelle dans son université, en dépit de ce qu’elle éprouve bien des difficultés personnelles, dont la maladie de son mari, Martin, qui deviendra un célèbre avocat fiscaliste et qui se trouve campé, dans le film, par un excellent Armie Hammer (que l’on avait récemment vu dans Call me by your name de Lucas Guadagnino). Par la suite, Ruth rencontre de sérieux obstacles pour trouver un emploi d’avocat, sans cesse renvoyée à sa condition de femme, injustement discriminée on the Basis of Sex, pour reprendre le titre original du film.
C’est alors qu’elle est professeure que le combat de sa vie commence à s’esquisser pour ne plus la quitter. Comme l’avait fait John Ford avec The Young Mr. Lincoln (1939), il est toujours très instructif de retourner aux sources des premières affaires dans une vie ponctuée de combats. Ici, la situation de Charles Moriz, un vendeur de Denver, est ubuesque. Il ne peut bénéficier d’une déduction fiscale pour l’aide à domicile qu’il a dû employer pour sa mère âgée, car cette déduction est réservée aux femmes, aux veufs, aux divorcés ou aux maris dont la femme est incapable. Bref, en tant que célibataire jamais marié, il n’était pas éligible à l’avantage fiscal qu’il avait utilisé. L’affaire est providentielle pour Ruth Ginsburg. Elle peut s’attaquer, par le biais de l’article 214 de l’Internal Revenue Code, au problème de la discrimination sexuelle. Plus simple à faire passer pour les mentalités de l’époque : c’est, une fois n’est pas coutume, un homme qui est discriminé ! Les Ginsburg s’en emparent et vont pouvoir, finalement aidés par l’American Civil Liberties Union (ACLU), tenter de faire évoluer plus généralement les mentalités.
Mimi Leder filme au cœur de la préparation de cette affaire, puis du procès, qui a fini par tenir une place très conséquente dans la vie des Ginsburg. On y perçoit Ruth dans toutes ses dimensions : battante et forte, tout en étant parfois chancelante, mais toujours animée de cette passion qui la fait tenir. On comprend aussi l’ampleur du rôle joué par son mari. On y croise des personnages hauts en couleur, qu’il s’agisse de Wulf, de l’ACLU, ou encore de l’inoubliable Dorothy Kenyon, l’une des pionnières dans la lutte contre la discrimination sexuelle. Le film transporte dans cette époque si particulière des années 1960-1970, aux idées d’un autre temps, mais d’un temps qui n’est pourtant pas si loin. Et toute la grandeur du personnage de Ruth Bader Ginsburg tient précisément aux deux moments du film : elle n’a jamais voulu se limiter au constat de l’inégalité. Elle s’est donnée, dès qu’elle a pu le faire, les moyens de l’éradiquer.
Une femme d’exception, 2019, réalisé par Mimi Leder, avec Felicity Jones, Armie Hammer et Justin Theroux.
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