Assise sur une chaise aux côtés de son avocate, une adolescente tripote machinalement sa feuille de convocation. « Est-ce que tu sais pourquoi je t’ai demandé de venir aujourd’hui ? », l’interroge Marie Le Verre, juge des enfants à Nantes, derrière son immense bureau. « Pour parler de ma situation parce que ça fait longtemps qu’on s’est pas vues », murmure la jeune fille de quinze ans, qui s’élance : « Je demande toujours la même chose : rentrer à la maison. Et si c’est pas possible, revenir un week-end sur deux, du vendredi au dimanche pour rester deux nuits ». La juge suit la famille depuis douze ans. Salomé (tous les prénoms ont été changés) a été placée en maison d’accueil voilà six ans. Sa sœur aînée a fugué de sa structure voilà trois mois, pour retourner chez leur père, alcoolique – la mère est décédée deux ans plus tôt. L’avocate de Salomé craint que cette dernière, « influençable », l’imite. Elle a déjà séché une partie du dernier trimestre avec d’autres enfants de son centre et ses résultats scolaires ont chuté. La juge interroge la mineure sur sa situation globale – plus conflictuelle avec l’adolescence –, ses demandes – fêter les dix-huit ans de sa sœur chez leur père –, et le refus de soins de ce dernier, qui les a mises en danger à Noël, mais qu’elle essaie de minimiser. Celui-ci a prévenu qu’il ne viendrait pas à l’audience parce qu’il travaille. « Et si je fugue, il se passe quoi ? », tente-t-elle. « On demandera au commissariat de venir te chercher parce que tes conditions de sécurité ne sont pas assurées à la maison », rétorque la juge qui n’a pas réussi à faire revenir l’aînée bientôt majeure. Salomé est invitée à sortir de la pièce. La juge et le conseil cherchent une solution sous le regard de la greffière, Mme Gélineau. Faut-il la changer de centre et l’éloigner davantage du foyer familial ? Ou au contraire, accepter son retour à la maison avec une assistance éducative ? Rien ne semble satisfaisant. L’avocate plaide pour « un compromis » : augmenter les visites. « Elle vit son placement comme une punition. Si elle continue de voir si peu son père et sa sœur, on risque de la perdre ». La juge rendra sa décision dans dix jours.
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