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Le paysage du risque du point de vue des assureurs

Pour la huitième année consécutive, la Fédération française de l’assurance publie une étude d’opinion des professionnels de l’assurance recensant leur projection pour les années à venir quant aux risques en matière assurantielle mais aussi, pour la première fois, pour la société en général. Sans grande surprise, le dérèglement climatique rejoint les cyberattaques sur la première place du podium. Plus alarmant, les assureurs anticipent une hausse généralisée de l’ensemble des risques à moyen comme à long terme.

De l’importance d’une bonne représentation sociologique du risque en droit des assurances. Le risque est au cœur de l’activité et du contrat d’assurance. Il constitue « l’essence même de l’assurance » (B. Beignier et S. Ben Hadj Yahia, Droit des assurances, LGDJ, coll. « Précis Domat droit privé », 5e éd., 2024, p. 161, n° 151). En avoir une parfaite représentation est essentiel pour bien comprendre les enjeux, tant pratiques que juridiques, de la matière. C’est que « l’avènement de la société des risques, loin de conduire à une "risquophobie", ordonne rationalisation, normalisation, voire commercialisation du risque » (ibid.). Cette véritable sociologie du risque (D. Le Breton, Sociologie du risque, 3e éd., PUF, coll. « Que sais-je ? », 2022) devrait être aussi essentielle aux praticiens qu’aux enseignants en ce qu’elle devrait influer sur l’orientation donnée à la matière et assurer une meilleure prise sur le réel. Plus fondamentalement, une présentation des risques vus au travers de l’activité d’assurance pourrait intéresser quiconque recherche un instantané des problèmes qui affectent ou plutôt inquiètent (l’un et l’autre ne sont pas nécessairement corroborés) notre société. Aussi, on lira avec attention la huitième cartographie prospective des risques de l’assurance publiée par France Assureurs le 4 février dernier. Cette étude a pour objet de dresser « un état des lieux des principales menaces pesant sur le secteur de l’assurance » et, de manière certainement plus étonnante, de « la société française » en général. Plus exactement, il était demandé à chacun des « 232 experts » interrogés d’évaluer, d’abord, pour les risques sélectionnés, leur « impact direct sur les entreprises d’assurance en termes de fréquence et de sévérité potentielle, à court et moyen terme », puis, de « sélectionn[er] trois risques qu’ils estiment représenter (…) une menace mais aussi une opportunité pour le secteur de l’assurance » et, enfin, d’« identifi[er] trois risques majeurs qui, au-delà de leur impact sur les assureurs, constituent une menace réelle pour la société française dans son ensemble ». Avant de reprendre chacun de ces trois points, nous reviendrons sur la méthode employée par l’étude. En effet, comme toute étude sociologique, la valeur des résultats tient essentiellement à la solidité de la méthode employée.

Une enquête d’opinion de la profession quant aux risques assurés. Qui chercherait des chiffres précis...

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