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À Clairvaux, « le procès d’un amour interdit », d’une boulette de viande et de vidéos intimes

À la maison centrale de Clairvaux, une psychologue et un détenu ont eu une liaison amoureuse, dont un enfant est né. Ils étaient poursuivis hier à Troyes pour remise illégale d’objet à détenus et corruption. La défense a dénoncé un acharnement et a démontré l’absence d’éléments probants, et les prévenus ont été relaxés.

par Julien Mucchiellile 26 janvier 2017

Le président lui demande : « Ça va vous paraître abrupt, mais pourquoi vous mettre dans une situation pareille ? » Elle a 35 ans, de longs cheveux bruns lui tombent dans le dos, sa voix tremble et se voile lorsque le président met en doute la sincérité de la relation amoureuse qu’elle entretien avec Abdelkader. « Par amour. J’ai eu un coup de cœur pour Monsieur, il a beaucoup souffert dans sa vie, c’est quelqu’un de bien. » Sa voix se perd dans les pleurs. « C’est la première fois que je le vois en sept mois. »

Elle s’exprime à sa place : « L’administration s’acharne à mettre en échec ses projets. » Lui : 39 ans et autant de condamnations, râblé, la démarche vive et chaloupée, a le visage grêlé et de yeux noirs grand très ouverts qui fixent le tribunal correctionnel de Troyes, mercredi 25 janvier. Elle a exercé son métier de psychologue dans la maison centrale de Clairvaux, jusqu’à l’automne 2016. Il y purge quinze ans de réclusion criminelle pour « enlèvement et séquestration suivis d’acte de torture et de barbarie », commis lors d’une permission de sortie. Ces deux-là ont eu une liaison, ce qui est attesté par un petit garçon né à l’automne. Ils sont poursuivis pour corruption active (lui) et passive (elle), et pour remise illégale d’objets (une clé USB et de la viande) à un détenu, et recel de ce délit. Elle reconnaît sa faute professionnelle, a démissionné de l’Établissement public de santé mentale de l’Aube, mais réfute les infractions qu’on lui impute ce jour. Lui aussi.

Pauline A. est arrivée en 2015 à l’établissement de Clairvaux, dans l’Aube (10). « Au début on m’a annoncé que ce n’était que pour quelques mois, et puis ça a été prolongé, car il n’y avait qu’une autre psychologue. » Elle vient deux jours par semaine pour rencontrer une partie de la centaine de détenus, dont Abdelkader. Lui...

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