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L’acrobatie judiciaire du délibéré Lagarde

Christine Lagarde a été condamnée hier pour négligence ayant permis le détournement de fonds public commis par un tiers. Elle est néanmoins dispensée de peine. 

par Marine Babonneaule 20 décembre 2016

De l’acrobatie judiciaire. La Cour de justice de la République (CJR) a reconnu, hier, l’ancienne ministre de l’économie coupable de négligence ayant permis le détournement frauduleux des sommes allouées par la sentence arbitrale dans l’affaire Tapie-Adidas. Si elle est coupable de ce délit, aux conséquences « exorbitantes », Christine Lagarde est pourtant dispensée de peine (et sans mention au casier judiciaire) en raison de ses fonctions au sein du Fonds monétaire international (FMI). À se demander pourquoi, si les faits ont permis un tel détournement de fonds, l’actuelle patronne du FMI n’est pas sanctionnée plus sévèrement, directrice générale ou pas de l’institution mondiale. À se demander pourquoi, aussi, la CJR a jugé comme si le détournement de fonds – actuellement à l’instruction – était caractérisé. À vouloir ménager la chèvre et le chou, l’arrêt en dévient incompréhensible. Hier, à l’énoncé du délibéré, Christine Lagarde n’était pas présente. Ses avocats, pendant la lecture de la décision, ont gardé la main sur le visage.

L’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy comparaissait pour deux raisons. Dans l’affaire Tapie-Adidas, la justice – la commission d‘instruction de la CJR – lui reprochait de s’être lancée précipitamment en 2007 dans la procédure d’arbitrage et d’avoir renoncé, lorsque la sentence avait été rendue allouant 403 millions d’euros aux époux Tapie1, à l’exercice du recours en annulation alors que des avis de juristes et de l’APE soutenaient fermement qu’il fallait essayer malgré tout. Une sentence par ailleurs rétractée en février 2015 par la cour d’appel de Paris pour fraude à la sentence. Alors que le parquet avait requis, jeudi 15 décembre, la relaxe, la Cour de justice de la République a estimé que, s’agissant de la décision d’entrer...

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