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Illégalité de l’usage de la justice pénale à visée politique

L’utilisation du système de justice répressive d’un pays pour neutraliser les opposants politiques est contraire à la Convention européenne des droits de l’homme. Parce qu’elle viole les articles 5 et 18 de la Convention, la détention provisoire de Ioulia Timochenko, ancienne première ministre ukrainienne, est illégale.

par Juliette Gatéle 15 mai 2013

Dans son arrêt de chambre, non définitif, du 30 avril 2013, la Cour européenne des droits de l’homme avait à juger de la légalité de la détention de Ioulia Timochenko, tête de file de l’opposition ukrainienne. Depuis 2010, des poursuites pénales « pour abus d’autorité » sont engagées contre elle, à la suite d’un accord gazier contesté passé avec la Russie en 2008. Ces poursuites et une mise en détention provisoire dès août 2011 l’ont empêchée de participer aux élections législatives d’octobre 2012.

La Cour se prononce ici, en urgence au regard du « caractère sensible » de l’affaire, aux fins de savoir si la décision d’emprisonner Ioulia Timochenko constitue une violation du droit à la liberté et la sûreté (art. 5, §§ 1, 4, 5) si sa privation de liberté est motivée par des raisons politiques (art. 18) et si les conditions de sa détention ne constituent pas un traitement inhumain et dégradant (art. 3).

Si la violation de l’article 3 n’est pas retenue, au motif, notamment, que Mme Timochenko a fait en détention l’objet d’une « attention considérable » de la part des autorités ukrainiennes (§§ 210-219), l’illégalité de la décision de détention elle-même est en revanche unanimement reconnue par les juges.

Ainsi, la Cour rappelle en premier lieu qu’un individu ne peut être privé de liberté que dans les cas qui sont strictement énumérés à l’article 5 §1 (§ 262). Partant, la Cour note que les lois internes doivent définir très clairement les conditions...

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