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Reportage 

Une journée avec… une intervenante socio-judiciaire

Puisque le droit ne se pratique pas seulement dans les prétoires, sous une robe ou un képi, dans un cabinet ou au sein d’une étude, Dalloz actualité a décidé d’enquêter sur ces professions moins connues mais tout aussi élémentaires dans la chaîne judiciaire. Marie-Laure Gaudillat, jeune intervenante socio-judiciaire, nous a donc présenté son métier et les missions qu’elle exerce pour l’association Espérer 95, spécialisée dans l’accompagnement et la prise en charge des personnes sous main de justice.

par A. Coignacle 29 novembre 2011

La journée-type

Un agenda adapté
« Les journées varient beaucoup », explique Marie-Laure Gaudillat, jeune recrue de l’association Espérer 95, en contrat à temps plein jusqu’à la fin de l’année. Ses semaines commencent à 10 h, le lundi matin et se terminent à 17 h le vendredi après-midi. Les lundi, mardi et jeudi, les horaires sont relativement similaires, de 10 h à 17 h 30-18 h avec une pause déjeuner de vingt minutes entre 12 h 30 et 13 h. Le mercredi en revanche, la journée est décalée de 12 h 30 à 20 h 30 pour permettre aux personnes sous contrôle judiciaire court, c’est-à-dire celles qui sont sous main de justice l’espace de quelques semaines ou quelques mois, d’être suivies alors qu’elles travaillent. Quant au vendredi, Marie-Laure travaille de 13 h à 17 h. Par ailleurs, deux réunions ponctuent l’emploi du temps de la jeune femme. La première, bimensuelle, rassemble les quatre membres de l’équipe pré-sentencielle et la directrice d’Espérer 95 afin d’attribuer les nouveaux dossiers et de discuter de ceux qui posent problème. La seconde, mensuelle, est une réunion de tout le pôle socio-judiciaire. Enfin, l’intervenante participe à des supervisions de pratiques professionnelles animées par un psychanalyste.

Le suivi socio-judiciaire
A quelques centaines de mètres de la gare de Pontoise, un homme attend dans la salle d’attente de l’association Espérer 95 au milieu des plantes, des jouets pour enfants et des prospectus sur l’alcoolisme ou l’accès au logement. Voilà quelques mois, il a été placé sous le contrôle judiciaire de l’association pour des faits de violences conjugales, dans l’attente de son jugement. Une procédure habituelle pour ce type de délit grâce à l’habilitation de l’association prévue par la cour d’appel de Versailles en vue d’accélérer la prise en charge des personnes mises en examen. Par la suite, l’homme a été condamné à quatre mois de sursis et deux ans de mise à l’épreuve par le juge. Et son dossier a été directement transmis à Marie-Laure Gaudillat, vingt-quatre ans, intervenante socio-judiciaire (ISJ) de l’équipe pré-sentencielle d’Espérer 95. Cette équipe de professionnels issus de cursus de juristes et de psychologues prend aussi en charge, depuis peu, les personnes condamnées à des peines avec sursis et mise à l’épreuve (SME) lorsque celles-ci ont déjà fait l’objet au préalable d’un contrôle judiciaire au sein de l’association.

C’est le cas de M. B… qui se présente aujourd’hui à son rendez-vous mensuel de suivi. Il salue aimablement Mlle Gaudillat et s’installe devant son bureau, une petite sacoche rouge sur les genoux remplie de documents faisant état de sa situation. La juriste a reçu tous les procès-verbaux de ses auditions ce qui lui permet d’évaluer les progrès de M. B… au fil des visites. Magasinier cariste en activité, le quarantenaire vit désormais chez un ami, en attendant de trouver un logement. À cet égard, et en cas de décision judiciaire d’éloignement du domicile familial, l’association peut ouvrir une place en hébergement pendant quinze jours, renouvelables une fois, à l’hôtel social des carrières de Pontoise. La personne sous contrôle judiciaire est alors accompagnée dans sa recherche de logement provisoire. M. B…, quant à lui, gagne sa vie et se plie sans difficultés aux mesures de suivi qui lui sont imposées. Mais depuis le début, il refuse de reconnaître son implication dans les faits qui lui sont reprochés, malgré les déclarations de sa femme et les blessures qui l’ont conduite à obtenir cinq jours d’interruption temporaire de travail. Un vrai obstacle pour la réinsertion de M. B…. Il n’a pas encore été intégré du fait de ses difficultés à reconnaître sa responsabilité au groupe de parole sur les violences conjugales mais il bénéficie toujours d’un suivi psychologique. Pendant l’entretien d’une demi-heure, Marie-Laure l’écoute, l’encourage dans ses efforts, le pousse dans sa réflexion et tente de le responsabiliser.

Le rôle des intervenants socio-judiciaires (ISJ)
La jeune femme est actuellement en charge de soixante-seize dossiers dont une dizaine « en carence », les protagonistes ne se présentant plus aux convocations. Le juge astreint ce...

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