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Après les surveillants de prison, les conseillers d’insertion et de probation se mobilisent

À l’appel de la CGT, des conseillers d’insertion et de probation du service pénitentiaire se sont mobilisés jeudi 1er février pour une revalorisation de leur statut.

par Thomas Coustetle 2 février 2018

Après la grève des surveillants, les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP) ont entamé un processus de mobilisation. La CGT a appelé les agents de « toute la France » à rejoindre le cortège de Paris, qui s’est déplacé jeudi 1er février depuis la place de la Madeleine jusqu’à l’Assemblée nationale, en passant par la place Vendôme. Le syndicat souhaite contraindre « l’État à respecter ses engagements ».

« On aura pourtant jamais la même mobilisation qu’en 2016 », confie Pierre, un agent du service pénitentiaire de Bordeaux qui tenait à afficher sa présence pour l’occasion. 

Il est vrai que, pour les CPIP, faire grève peut prendre des allures de gageure. La profession ne bénéficie pas statutairement du droit de grève, rappelle Fabienne Titet, secrétaire nationale de la CGT insertion probation.  « On espérait 250 personnes. Nous sommes déjà plus de 500. Pour nous, c’est déjà une vraie réussite », se félicite-t-elle à l’issue de la journée. 

« On est le seul corps de l’État à prendre en charge la totalité des 250 000 placés entre les mains de la justice »

La profession compte 3 000 CPIP au niveau national. D’après le ministère, cet agent « accompagne les personnes condamnées » et intervient « en milieu ouvert ou en milieu carcéral à la demande des autorités judiciaires ». Son rôle est donc « d’œuvrer à la compréhension de la peine et de participer à la prévention de la récidive ». 

Quelles sont, en détail, les raisons de la colère ? En mai 2017, la CGT avait « arraché » selon les termes de Fabienne Titet, un accord sur un changement statutaire après une première mobilisation des agents en 2016. Les agents de probation devaient devenir agents de catégorie A de la fonction publique à compter du 1er février 2018.

L’accord a été acté par le garde des Sceaux de l’époque, Jean-Jacques Urvoas, et signé par le président de la République, rappelle le syndicat. Pourtant, quelques jours avant le changement de statut, le texte « s’est, comme par magie, perdu dans les abysses », ironise Fabienne Titet. En fait, après le dernier changement de majorité, l’accord n’a pas été publié en Conseil d’État, comme prévu initialement. 

Le 30 janvier dernier, Ugo Bernalicis, député du Nord, a même interpellé le ministre de la fonction publique par question écrite (n° 4881) sur le sujet. Il demandait l’exécution de l’accord. 

« Notre métier est la seule profession à prendre en charge l’ensemble des 250 000 personnes sous main de justice, soit environ 100 à 200 personnes par agent », détaille Fabienne Titet, qui assure que les agents « souffrent d’un manque de reconnaissance ».

Des conditions de travail difficiles dont se fait l’écho Marion L., une autre militante du cortège. « Notre action joue un rôle sur les libertés individuelles, et dans le maintien en détention ou non car on éclaire le magistrat sur les décisions qu’ils prennent. » 

Certains agents présents vont même plus loin et assurent se mobiliser également par crainte d’une éventuelle privatisation à venir. Sur le « travail d’intérêt général », la future agence voulue par Emmanuel Macron, dont le contenu sera révélé courant février, « laisse craindre qu’une partie du contrôle sur l’exécution de la mesure que nous assurons actuellement sera privatisée comme cela a pu être sur la table des négociations il y a quelques années ».

Paris a été suivi par plusieurs mouvements de grève. Notamment en Normandie, dans la Vienne, et dans le Calvados.

Une délégation devait être reçue à l’Élysée en fin de journée. Elle a été annulée en dernière minute et reportée au 7 février prochain.