En droit chinois
Aux termes de l’article 180 du code civil chinois, si des obligations civiles ne peuvent être exécutées en raison d’un cas de force majeure, aucune responsabilité civile n’est engagée. Si la loi en dispose autrement, ces dispositions d’une loi spéciale doivent être respectées. La force majeure est une situation objective qui est imprévisible, inévitable et insurmontable.
La loi chinoise sur les contrats prévoit également des dispositions concernant la force majeure. D’après l’article 117 de cette loi, si le contrat ne peut être exécuté sous l’influence de la force majeure, la responsabilité sera partiellement ou totalement exonérée, sauf disposition contraire de la loi. En cas de force majeure survenant après un retard d’exécution de l’une des parties, sa responsabilité ne pourra être écartée. La « force majeure » visée dans cette loi fait référence à des conditions objectives qui ne peuvent être prévues, qui sont inévitables et insurmontables. Les caractères imprévisible, inévitable et insurmontable sont les caractéristiques juridiques de la force majeure en droit chinois.
L’article 118 de la même loi prévoit que, si l’exécution du contrat a été empêchée par la force majeure, le cocontractant défaillant doit informer rapidement l’autre partie afin de réduire le préjudice. Il doit également fournir à l’autre partie des preuves dans un délai raisonnable.
L’imprévisibilité est le caractère d’un événement que le niveau technologique actuel n’a généralement pas la capacité de prévoir. L’événement est inévitable et insurmontable lorsque les parties, qui ont fait de leur mieux et pris toutes les mesures possibles, n’arrivent pas éviter la survenance d’un événement et n’arrivent pas surmonter les conséquences de l’incident.
En droit français
Selon l’article 1218 du code civil, il y a force majeure en matière contractuelle lorsqu’un événement échappant au contrôle du débiteur ne pouvait être raisonnablement prévu lors de la conclusion du contrat, dont les effets ne peuvent être évités par des mesures appropriées, et qui empêche l’exécution de son obligation par le débiteur.
Un obstacle ne constitue un événement de force majeure que s’il présente, pour le débiteur qui l’invoque, trois caractères : il doit être imprévisible, inévitable et échapper au contrôle du débiteur.
Aux termes de l’ancien article 1148 et de l’article 1231-1 du code civil, si l’exécution du contrat a été empêchée par la force majeure, le cocontractant défaillant est exonéré de sa responsabilité contractuelle. Les articles 1351 et 1351-1 précisent, enfin, les effets de la force majeure.
Les définitions et les effets de la force majeure se ressemblent sensiblement en droit chinois et en droit français. De plus, la force majeure est prévue par la loi en Chine comme en France. L’application de la force majeure ne nécessite pas l’existence d’une clause de force majeure au sein du contrat. Mais l’existence d’un cas de force majeure est soumise à l’interprétation des juges du fond.
On peut considérer que l’épidémie du nouveau coronavirus est elle-même imprévisible, inévitable et insurmontable dans les conditions de santé et de technologie médicale de notre époque. Cette épidémie constitue-t-elle, en conséquence, un cas de force majeure et entraîne-t-elle nécessairement une exonération de responsabilité ? Nous cherchons la réponse dans la pratique en Chine et en France.