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Le quotidien du droit en ligne

« La violence a sauvé le peuple corse »

Dans le flot de ses réquisitions de la matinée du 21 juin, Maryvonne Caillibotte avait appelé à un acquittement. Un seul parmi les huit accusés. « Je n’ai pas assez d’éléments pour le faire condamner », avait-elle reconnu, parlant de Pierre Paoli, dit « l’abbé Pierre », leader du parti Corsca Libera et présenté par la justice comme un ancien chef du Front de libération nationale corse (FLNC).

« Un rendez-vous manqué » pour l’avocate générale

Maryvonne Caillibotte est l’avocate générale du procès de la « filière du Valinco ». Elle a égrené les journées d’audience de ces questions faussement naïves mais rudement précises, elle a agacé les avocats de la défense, elle a levé les yeux au ciel aux propos de certains accusés et elle a souri aussi quand, parfois, l’audience se faisait plus légère. Elle est restée dans la salle d’audience, vendredi 22 juin après le verdict, lorsque les familles étaient en état de choc, qu’une mère hurlait et qu’une autre s’évanouissait. La cour, elle, avait filé.

« On comprend qu’on est pris entre le FLNC et l’État »

Le silence des accusés a presque fait oublier les victimes de cet étrange procès terroriste, long de dix journées d’audience, sans presse ou presque, avec un public clairsemé et infidèle, dans une salle correctionnelle au lieu d’une cour d’assises et dans un palais de justice parisien vidé. En mai et décembre 2012, les « nuits bleues » ont endommagé et parfois détruit des maisons que les « terroristes » savaient vides. C’est d’ailleurs l’un des arguments de la défense. Parmi la quarantaine de personnes touchées, une seule s’est constituée partie civile.

Les « nuits bleues » de 2012

On dit que les procès corses se terminent souvent ainsi. Les hommes, condamnés et emmenés en prison, hurlent depuis leurs tripes à la cour et à leurs proches un « libertà » puissant, les poings levés et menottés. Ils sont des « prisonniers politiques » avant tout. Les femmes – surtout les mères – pleurent, s’affaissent, crient à l’injustice. Les pères et les frères s’érigent en barrière furieuse, prêts à en découdre avec les gendarmes qui n’ont pas laissé leurs fils embrasser leur mère. Le président de la cour d’assises est déjà parti. Le silence revient.